Naissance et faits historiques des Moitiers d'Allonne

Les Moitiers d’AllonneMonasteria de Alumpna ou de Alonia.
Cette dénomination Les Moitiers d’Allonne désigne deux églises paroissiales qui, avant 1789, étaient dans le même cimetière, à quelques mètres de distance l’une de l’autre, et posées, d’après M. De GERVILLE, comme limites de deux fiefs. L’une d’elles était sous le vocable de Notre Dame, et l’autre sous celui de Saint Pierre ; les deux paroisses ont été réunies en une seule commune sous le nom des Moitiers d’Allonne, il y a quarante ans.

L’église de Notre Dame d’Allonne payait pour décimes 35 livres, et dépendait de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné de Barneville.
L’abbaye de Blanchelande, si l’on en croit un acte confirmatif qui lui donna, en 1185, Guillaume de TOURNEBUT, évêque de Coutances, aurait eu le patronage alternatif de l’église de Notre Dame d’Allonne que lui avait donné Guillaume de SORTOSVILLE. Cependant le Livre noir, rédigé dans le cours du XIIIe siècle, indique un patron laïque, Jean d’ANNEVILLE : Sancte Marie de Alumpna patronus Johannes de Agnevilla. Alors le curé avait le tiers des dimes, l’autelage et un presbytère. L’abbé de Cherbourg avait deux tiers des gerbes sur le fief du patron, et celui de Blanchelande deux tiers des grosses dimes sur le fief de Sortosville. La cure valait 25 livres, et valet xxv lib.
Les prétentions de l’abbaye de Blanchelande au patronage alternatif de Notre Dame d’Allonne n’étaient sans doute pas très légitime ; car, lors de la rédaction du Livre blanc, dans le XIVe siècle, le patronage était encore laïque et était exercé par Robert du BREUIL : jus patronatus ecclesie B. Marie de Alona spectat ad Robertum de BROlio, dominum dicti loci.
L’abbé de Blanchelande prenait deux gerbes sur le fief de Sortosville et sur celui du Breuil ; le curé avait la troisième, les menues dimes, des produits en nature et un presbytère, à raison duquel il devait pourvoir à l’office de cousteur : pro quo debet facere custoriam dicte ecclesie. Il payait trois sous pour droit de tournée, dix deniers pour le saint chrême, sept sous et 8 deniers pour la débite, et 4 sous pro capa episcopi.
Le droit de patronage alternatif, qui était contesté, finit par appartenir sans partage à l’abbaye de Blanchelande : les seigneurs abbé et religieux soutinrent devant le baillage de Valognes, en l’année 1543, que noble homme Michel du MESNIL, sieur de Tocqueville, et la dame du MESNIL, sa femme, seraient obligés de rétablir l’écusson qui antérieurement était à l’une des vitres du chœur de Notre Dame d’Allonne (Alompna) et qui portait les armes de l’abbaye, qu’ils seraient en outre tenus d’enlever l’écusson et les armoiries qu’ils y avaient fait placer. Michel du MESNIL et sa femme, pour eux, leurs serviteurs et domestiques, soutinrent au contraire que les dits abbé et religieux n’étaient point patrons de l’église, qu’ils avaient seulement le droit de nommer alternativement à la cure ; qu’ainsi ils n’avaient aucun droit d’écusson et d’armoiries à la vitre du chœur de l’église ; mais la justice en pensa autrement, et Mesnil du MESNIL fut condamné à enlever ses armoiries et à rétablir celles de l’abbaye.
Gautier de SAINTE-MARIE plaida contre les religieux de Blanchelande pour le droit de patronage de la moitié de l’église de Notre Dame d’Allonne, et les religieux furent forcés de lui abandonner la moitié des dimes de cette paroisse. Gautier, plusieurs années après, reconnut qu’il avait, pour ainsi dire, extorqué non seulement cette portion de dime, mais encore l’autelage et des terres d’aumônes que Robert de SORTOSVILLE, chevalier, avait données à l’abbaye ; il rendit alors aux religieux ce qu’il pensait leur avoir extorqué, Luce, sa femme, et Robert, son fils ainé, furent présents à cet acte de restitution qu’ils approuvèrent et qui fut déposé sur l’autel Saint-Nicolas.
Il existait dans le manoir du Breuil une chapelle dont Robert du BREUIL, lors de la rédaction du Livre blanc, avait le patronage. Cette chapelle valait 45 livres.

L’église de Saint Pierre d’Allonne payait 39 livres pour décimes, et dépendait de l’archidiaconé du Bauptois et du doyenné de Barneville. Le patronage était laïque ; d’après le Livre blanc, il appartenait au seigneur de Bricquebec : dominus de briquebec est patronus ecclesie Sancti Petri de Alona.
L’abbé de Blanchelande avait deux gerbes de la dime, le curé avait la troisième, l’autelage, la dime entière d’un moulin, des produits en nature et un manoir. Le sable de mer détruisait la cinquième partie des fruits de la paroisse, ce qui diminuait d’autant les dimes : quinta pars fructum dicte parochie consumitur per sabutum maris et diminuitur.
Il y avait dans cette paroisse une chapelle sous le vocable de la vierge, nommée la chapelle de Vauvert ubi est capella de valle viridi. Le patronage en appartenait à l’abbaye de Blanchelande ; elle avait 15 livres de revenu.
On voit que le 18 octobre 1418, pendant l ‘occupation anglaise, au nombre des présentations qui furent faites dans le diocèse de Coutances, figure celle de « Jean FERIT, chapelain à la chapelle de Sainte Marie de Vauvert, paroisse de St Pierre de Allone ».
En 1665, le seigneur de Rauville était le patron de l’église de Saint Pierre. La cure valait alors 300 livres.
M. de GERVILLE a reconnu, que sur le territoire de la commune des Moitiers d’Allonne, l’emplacement d’un château fort du moyen-âge, lequel avait appartenu à la famille des MOUSTIERS, de Monasteriis, qui lors de la rédaction du Livre noir, avait le patronage de l’église de Saint Pierre d’Allonne.
MONTFAUT, en 1464, trouva noble à Saint Pierre d’Allonne Robert des MOUSTIERS.
En 1666, CHAMILLART reconnut noble à Noble Dame d’Allonne Guillaume d’AUXAIS, petit-fils de Jacques d’AUXAIS, sieur du Breuil et du Boscq, dont la famille avait, en 1599, justifiait devant ROISSY d’une noblesse de 250 ans.
En 1544, il y avait à Saint Pierre d’Allonne, une famille LE VERRIER, à laquelle appartenait Charles LE VERRIER que CHAMILLARD trouva noble : elle portait d’or au lion d’azur rampant, armé et lampassé de gueules, au chef de gueules chargé de trois besants d’or.
Ce Charles LE VERRIER, sieur de Thosville, était lieutenant-général au siège présidial du Cotentin.
En 1566, Nicolas LE VERRIER épousa Denise DUCHEMIN, issue d’un des frères de Jeanne d’Arc. Ses descendants prirent les armes que les rois de France avaient concédées à cette famille ; elles étaient d’azur à une épée à lame d’argent mise en pal, couronnée d’or, accostée de deux fleurs de lys d’or.
CHAMILLART trouva encore noble à Saint Pierre d’Allonne, et appartenant à l’ancienne noblesse, Jacques HERVIEU.
Les deux anciennes paroisses de Notre Dame et de Saint Pierre d’Allonne dépendaient de l’intendance de Caen, de l’élection de Carentan et de la sergenterie de Beaumont. MASSEVILLE, en 1722, donne à Notre Dame 76 feux imposables et 77 à Saint Pierre. La population des Moitiers d’Allonne, en 1867, est de 981 habitants.

Source : Annuaire du département de la Manche - 1868


Lieux et Monuments :

  • Allée couverte de l’Autel des Druides
  • Manoir du Breuil
  • Manoir de Thoville
  • 3 anciens moulins à vent
  • Eglise Notre Dame : Vierge à l’enfant de pierre 16e, Vierge de bois 16e, Groupe sculpté Renaissance
  • Eglise Saint Pierre : Clocher de l’ancienne église St Pierre


Nobles :

  • des MOUSTIERS : "d'argent à la bande d'azur frettée d'or"
  • d’ANNEVILLE : "d'argent, semé d'hermines, à la fasce de gueules"
  • d’AUXAIS : "de sable, à trois besants d'argent, 2 et 1"
  • LE VERRIER : "d'or, au lion d'azur, armé et lampassé de gueules, au chef d'azur, chargé de trois besants d'or"
  • de CHANTEPIE : "d'azur, à la croix d'argent,chargée d'une pie de sable,et cantonnée de quatre besants d'or"
  • LANGLOIS : "d'argent, au chevron de gueules, accompagné de trois cosses de pois de sinople"
  • HERVIEU : "d'azur au chef d'argent chargé d'un lion passant de gueules"

Grand diseu, p’tit faiseu.

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