LEMPERIERE Marie Louise Suzanne
Lorsqu'en 1942 on traduit devant les tribunaux Marie-Louise Giraud, accusée d'avoir pratiqué des avortements à Cherbourg, ce sont tous les maux et les frustrations de la France de l'Occupation qui reviennent à la surface.
La pratique de l'avortement est considérée par le régime du maréchal Pétain comme un crime contre la sûreté de l'État.
En tant que tel, l'avortement doit être jugé par un tribunal d'exception.
Le tribunal est composé de magistrats professionnels. Les jurys d'assises ont été estimés trop indulgents et ont été dessaisis de ce genre d'affaires dès la loi de 1923.
Le procès de Marie-Louise Giraud est considéré comme exemplaire. A travers lui, le régime tente de manifester sa volonté de régénération morale du pays.
La répression de l'avortement est ici poussée très loin, puisque l'avocat général peut requérir la peine de mort. En tout, vingt-sept femmes ont eu recours aux bons offices de l’accusée. Les restrictions de la guerre, les infidélités rendues plus fréquentes par l'éloignement des maris ont rendu bon nombre de grossesses indésirables.
Le président insiste lourdement sur l'immoralité de l'accusée. Le vice conduit bien au crime : c'est le thème principal du procès, et il prépare le terrain à l'accusation. Le réquisitoire de l'avocat général est très dur. II reprend les thèmes distillés par la réglementation de Vichy, qui établit depuis septembre 1941 que l'avortement est nuisible à l'unité du pays, à l'État et au peuple français. La peine de mort est nécessaire dans ce cas-là, selon lui. La cour, après délibération, suit le réquisitoire. Marie-Louise Giraud est condamnée à avoir la tête tranchée.
Seule la grâce présidentielle peut sauver la vie de l’accusée. Mais le maréchal Pétain refuse de commuer la peine.
Le 30 juillet 1943, Marie-Louise Giraud est exécutée.
Une affaire de femmes, film français de Claude Chabrol sorti en 1988 relate cette histoire.
Il est adapté du livre du même nom écrit par l'avocat Francis Szpiner et paru aux éditions Balland. (Wikipédia)